Je n'en revenais pas de voir des gens en vie. Je dépassai Johnny, afin de voir de qui il s'agissait. J'enjambai le pont-levis de fortune et rejoignis la tour, suivi de près par l'Américain. Il y avait deux personnes dans la tour, toutes les deux protégées par les mêmes équipements anti-émeutes qu'il y avait cinq mois déjà. J'eu un petit pincement au cœur : l'un d'eux releva sa visière et je pu voir qu'il s'agissait d'Éric, l'homme qui m'avait sauvé des zombies. Il me reconnut, malgré mon air bien différent. Lui non plus n'en croyait pas ses yeux.
"- Paul ? Paul Rochel ? Bon dieu de merde ! Je pensais que t'étais mort depuis le temps ! Qu'est-ce que tu fais là ?
- Éric ! On a vu les cadavres à l'entrée, il s'est passé quoi ?"
L'homme se renfrogna. Son air devint très vite grave et ses poings se crispèrent.
"Quelqu'un nous a piégés ici. Un enfoiré de première, qui disait faire partie d'un groupe de marchands... On lui a fait confiance et au début tout se passait bien. Il nous vendait régulièrement des armes et même de quoi manger. Mais ça à mal tourné, notre maire l'a pris en grippe et il s'est vengé. C'était il y a trois semaines à peine..."
L'autre homme acquiesçait, silencieusement.
"Il a planqué des explosifs un peu partout, sans qu'on se rende compte de rien. Il a tout fait sauter, toute la ville est partie en fumée. L'un des murs porteurs s'est écroulé et tout nous est tombé sur la gueule. Le pire, c'est qu'on avait un véritable vivier à quelques dizaines de mètres d'ici et qu'on s'en était jamais rendu compte. Résultat : la ville a été détruite puis submergée par une horde de ces furies."
Je regardai Johnny d'un air inquiet. C'était du Van Arms tout craché, ou du moins quelqu'un de son organisation.
"- On n'est plus que deux, comme vous on dirait. Mais à toi, dis-moi un peu comment ça se passe ?
- ... Le Bastion a été réduit en miette. Tout le monde est mort là-bas, à part Johnny et moi. Je préfère pas trop en parler Éric, désolé."
Un long silence s'installa. Tous les gens présents avaient passés quelques semaines d'une galère indicible.