Le Bastion

Van s'écria:

"Au diable le deal, je veus un foutu responsable!"

Van éclata soudainement de rire.

"Je vais pas laisser des vermines telles que vous massacrez mes ga un part un, dernière chance, livrez moi le coupable et vous serez tous épargner et notre marché restera intact..."

"Barter bougre d'âne, ce n'est pas quelqu'un d'ici, enfonce-toi ça dans le crâne ! Nous oblige pas à te tirer dessus..."

Johnny avait le M2 entre les mains, pointé en direction du marchand de mort.

"On est tous dans une sale situation, alors déguerpis et arrête de te croire supérieur à nous. On est le même nombre d'hommes, tous bien armés. Sauf qu'on a ce putain de rempart et que la M2 vous réduira en miettes. C'est du suicide ! Souviens-toi de notre deal, moi contre tes meilleurs hommes. Si je gagne tu nous laisse tranquille, si je perds j'entre à ton service..."

James se posta lui aussi sur le mur, à côté des deux autres. Cependant, ses paroles furent moins polies et beaucoup moins sympathique.

-Arms ! toi et ta bande de chiens vous allez vite fait dégager d'ici ! on sait pas qui est vot' tueur mais il est bien avisé d'vous faire payer enfoirés ! Rentre chez toi ou reste, dans ce cas, j'aurais une nouvelle cible pour ma carabine.

Il cracha au sol, non loin d'arms, avant de soulever l'imposante arme et de la braquer sur l'armurier. Il chargea les douilles de près d'un doigts de long dedans et arma la culasse.

"Ecoutes moi bien, Arms! Cette mitrailleuse peut te réduire toi et ton petit équipage en bouillie avant meme que t'aies pu dire "ouf"! Alors réfléchit, parceque ce serait me faire trop d'honneur que de faire un truc débile pour que tu me serves de cible!" Lançais-je a Arms.

"Bien, je t'attend chez moi ordure..."

Van passa dérrière le camion et murmura à ses hommes:

"Faites pleuvoir les flammes sur ces chiens..."

Les armuriers alumèrent chacuns leur cocktail molotov. Ils montèrent dans le camion et pendant que celui ci roulait, ils balancèrent des flammes sur et au dessus du mur.

James s'abrita derrière le parapet et se releva en épaulant le fusil de précision. Il visa à la va-vite mais sa balle toucha le pneu arrière droit du camion des armuriers qui éclata. Le véhicule fit quelques zizgag avant de filer droit vers le bar des vendeurs.

-Bande d'enfoirés !

James pesta en constatant les dégâts. Le mur était seulement noirci et un début d'incendie était en train d'être arrêté dans un jardin voisin par les Bandidos.

-Les Enculés ! Si je les attrapes, je les livres à ces fuckin' zombies !

J'avais vu, au cours de mes explorations, que des panneaux indiquaient un fort à proximité. En y réfléchissant bien, le meilleur moyen de se protéger de Van était d'y aller. Mais cela prendrait du temps et je n'aimai pas l'idée de devoir "déménager".

J'avais rassemblé les autres, car les menaces du marchand d'armes, bien que futiles, étaient tout ce qui intéressait la populace. Une fois tout le monde près de moi, je leur parlai du fort en question.

"Écoutez. Comme vous le savez, Barter veut notre peau. Jusque là rien de nouveau. Sauf qu'il est malgré tout dangereux, derrière son air d'imbécile fini. J'ai entendu parler d'un fort, pas très loin d'ici. Il a servi de caserne à plusieurs organismes gouvernementaux. La bonne nouvelle c'est qu'il y a là-bas des bunkers installés sur de petites collines surplombant l'extérieur. J'aimerai savoir si ça vous tente d'y aménager notre camp. On pourrait y accueillir beaucoup de gens sans problème et bien mieux se défendre."

James renifla avant de s'allumer une clope dans le silence tendu. Il soupira d'aise puis prit la parole :

-C'est une bonne idée...Mais il nous faut trouver des bus et de quoi transporter le M2 et tout le reste...Quitte à démolir quelques trucs pour les matières premières...Seulement, et si des survivants avaient eu la même idée ?

Il exala une nouvelle bouffée de tabac avant de la souffler dans l'air.

James ne put qu'approuver le vieux dicton.

-Tu l'as dit, fiston...Je propose d'abords d'y faire une reconnaissance. Paul, Adam, Moi et quelques volontaires. Peut-être que ça pourra être le baptème de feu de la nouvelle...

Il écrasa le mégot dans son cendrier en verre puis se décapsula une bière.

La situation me chauffait les oreilles.
"Mais c'est quoi votre problème?! On va pas se planquer d'un connard comme Arms! C'est qu'une tafiole! Et j'ai franchement l'impression que vous aussi!"
Je sautais du mur et courus vers le Black Night.

James regarda partir le militaire avec une bouffée de colère.

-Cet idiot nous feras tous tuer...

Il cracha par terre avant de sangler le fusil de précision sur son épaule.

-Qui pour l'expédition de reconnaissance ?

Je sortais de mon mutisme quand James proposa de partir en reconnaissance dans le fort près d'ici. Johnny, sulfureux et impulsif, partit attaquer Arms. Je m'éclaircissais la gorge et parlais:

-Je veux absolument en être. Je dois me racheter.

Je regardais les autres un par un, soutenant leurs regards interrogateurs. Seul Paul savait. Je soupirais, cherchais les mots adéquats et leur racontais:

-C'est moi qui ai abattu le gars d'Arms. C'est de ma faute si on est dans cette merde. Et c'est pourquoi je dois venir: pour racheter mon erreur.

Je revins assez vite de mon expedition de reco.
"Les gars, les hommes de Arms se préparent a quelque chose. On ferait bien de bouger maintenant!"
dis-je aux gars sur le rempart.

Johnny était revenu et apportait une mauvaise nouvelle. Sans laisser le temps aux autres de me parler, je les pressais en disant:

-On n'a pas le choix. On doit aller au fort, sans reconnaissance. On nettoye tout et on se défendra de là-bas. Mais il faudra détruire les murs du Bastion. Arms pourrait les utiliser sinon. Pour vous faire gagner du temps, je vais le distraire. Foncez, les gars et s'il vous plaît, emportez mes affaires. Et au cas où je ne vous reverrais pas, heureux de vous avoir connu.

Je serrais Paul, Johnny, James, Bob et tous les autres dans mes bras, sauf Léa que je saluais sobrement. Je fis un petit tour du camp puis je récupérais mon FN FAL, mon Beretta auprès de Foxy, mon revolver et mon couteau. Je passais la muraille avec tristesse pour enfourcher le chopper et démarrer. Je jetais un regard au Bastion et partais vers mon destin...

Cela faisait un moment qu'Adam était parti, Johnny à sa poursuite. On avait entendu une putain d'explosion et quelques tirs assez éloignés et après plus rien. Tout le monde se demandait ce qu'il avait bien pu se passer, moi y compris. Alors que la pression était à son comble, j'avais entendu le bruit d'un chopper.

*Adam !*

Le moteur de la bécane ronronna de plus en plus fort, signe d'une proximité flagrante. Je me postai sur la muraille, afin de mieux voir. La tête d'Adam, qui faisait une mine étrange, fit son apparition au détour de la rue de droite. Je regardai son chopper et mon cœur s'arrêta net. Il avait scellé Barter à l'arrière de la moto. C'était tout sauf bon pour moi. Le biker vint en fanfare, suivit de près par Johnny. Ils avaient un visage triomphant. Le motard poussait même quelques cris dignes de n'importe quel texan. Je n'étais pas certain d'aimer ça. Il klaxonna furieusement, me hurlant d'ouvrir la grille au plus vite, ce que je m'empressai de faire.

Il fit un petit tour à l'intérieur du Bastion, en vrai cow-boy qui venait d'attraper son premier veau au lasso. Les Bandidos l'acclamèrent, fous de joie. Et ils crièrent quelque chose qui me fit tressaillir.

"À la potence !" ou encore "Pendez l'enflure !". L'idée me déplaisait au plus haut point. Arms était un nid à emmerdes, si on faisait ça ça nous retomberait dessus très vite. Je fis pars de mes inquiétudes à Adam, les mains encore sur le guidon. Il me regarda en rigolant. Apparemment tous voulaient sa mort...

"Salut Paul. Qu'est-ce-qui y'a? T'es pas content qu'on ai enfin chopé cette ordure?" demandais-je a Paul, qui semblait inquiet après notre exaction envers Arms.
"On a récupéré plein d'armes, de munitions et on a pas encore pillé la planque. Bordel, réjouis toi un peu!"

Je choisissais d'ignorer Johnny. Personne ne semblait me comprendre. Même Lana était heureuse. Quelque chose dans tout ça me gênait profondément. Comme par exemple le fait que son organisation avait le bras long.

J'avais Barter derrière moi, solidement attaché. J'avais dû m'arrêter en route pour essuyer sa plaie. Il avait semblé surpris de me voir faire ca. Il grommelait mais je ne l'écoutais pas ou peu. La seule chose sympathique qu'il me dit fut:

-Tu as des couilles, le motard. C'est dommage, on aurait pû bosser ensemble.
-En effet, c'est dommage. Tu te serais montré un poil moins agressif avec nous et on aurait pû fraterniser. Seulement voilà. As-tu des regrets ?
-Aucun, le biker. Et toi ?

Je réfléchissais un petit peu avant de lui répondre un peu trop abruptement pour que ce soit vrai:

-Aucun.

Arms éclata de rire, conscient de mon mensonge et nous repartîmes vers le Bastion. Plus le temps passait et plus je considérais cet homme responsable de nombreux malheurs comme un adversaire valeureux et digne. Je me perdit dans mes pensées jusqu'à l'arrivée devant les grilles de notre camp. Il allait me manquer. Paul était en haut, en train de me jeter des regards étranges. Je coupais le moteur pour ne pas hurler et demandais au parisien:

-Ouvre moi, s'il te plaît.

Il s'exécuta rapidement et je pus franchir la muraille, suivi par Johnny qui fanfaronnait. Je fis un tour pour pouvoir bien garer mon chopper et m'arrêtais, Arms sur ma selle. Je vis Paul, attristé. Je lui adressais un sourire triste et compatissant Mais je fus choqué d'entendre des "À la potence !!!" et des "Pendez l'enflure !!!". Le marchand avait beau être mauvais, il ne méritait pas ca. Mais l'opinion populaire fut la plus forte et je dus me résoudre à lui attacher un noeud coulant autour du cou.

-Désolé. lui glissais-je avec tristesse.

Il acquiesca et regarda en face de lui, fier. Paul vint me voir pour me parler de ses inquiétudes. Je lui disais que ce pouvait être possible mais qu'un Arms suffisait sur cette terre et que cela me faisait un peu peur si si il avait un supérieur pire que lui. Mes propos furent couverts par la foule et je crois que le parisien ne vit que ma grimace.

Je regardais le marchand, prêt à mourir. Il semblait assez calme et attendait la mort.

"AH! J'aurais bien voulu qu'iil creve autrement." dis-je. Adam et *Paul me regardaient bizarremant.
"Quoi?"

Van souffla, il se préparait mentalement pour la suite. Il haussa la voix pour se faire entendre.

"Vous ne vallez pas mieu que les pillards... Bande de pequenos ariéré, je vais surment mourir ici mais je laisse â cette terre un cadeau, l'un de mes trésors, puisse mon chapeau et ma montre reposait entre sa couleur d'or... Je me nomme Guildo Van Arms, fondateur de la Guilde des Armuriers, légende du Sud et vous savez quoi? Je vous emmerde!"

"Ah, donc ton nom, c'est Guildo, hein? Oooh, t'es une légende?en voila des nouvelles. Les pequenos arrièrés ils t'emmerdent et si t'était si fort, tu serais pas mort.
TAKE IT AWAY, FELLAS!"
Criais-je aux bourreaux. La moto sur laquelle était Arms partit et je me délectais de voir Arms etouffer jusqu'a la mort.

James soupira un grand coup avant de coller son poing dans le ventre d'Adam. Celui-ci en eût le souffle coupé mais son expérience le fit se relever très vite. James le fixa d'un air furieux lui donnant l'air d'un loup affamé.

-A cause de toi fiston, on est dans une merde noire...Pourquoi l'avoir tué ?

Il s'adossa contre un mur et serra la crosse de son fusil pour se calmer.